La spirale démographique : que faut-il faire pour les retraites ?
Depuis environ un siècle, nous assistons à une explosion de la population mondiale. Les causes en sont multiples et les conséquences aussi... Si l’on porte un regard d’ensemble sur ces conséquences, on s’aperçoit que plusieurs troubles de notre monde actuel s’expliquent par cette forte croissance démographique. Malheureusement, souvent par manque de point de vue global, nous ne relions pas ces troubles à la bonne cause, et donc les mesures prises pour les traiter ne sont pas toujours très efficaces ! Passons en revue quelques conséquences de cette croissance démographique, et regardons ce qu’il en est du système des retraites de la France.
Nous savons tous que la terre est de plus en plus peuplée mais avons-nous vraiment conscience de l’ampleur de cette croissance, de sa vitesse et de ses conséquences ?
A cet égard, ce graphique illustrant l’évolution de la population mondiale au cours des derniers 12.000 ans fait peur, surtout si on ne regarde que le dernier siècle !
Quand je suis né, il y avait environ 2 milliards d’individus sur terre et lorsque je mourrai, il y en aura 9 milliards ; c’est fou un tel coefficient multiplicateur en seulement une génération !
Plusieurs facteurs sont la cause de cette croissance : progrès de la médecine (tant préventifs que curatifs), allongement de la durée de vie, baisse de la mortalité infantile, amélioration du pouvoir d’achat, croissance des pays en voie de développement, baisse de la mortalité lors des grandes épidémies…
On ne peut évidemment pas se reprocher ces améliorations mais on doit réfléchir à leurs conséquences sur la croissance démographique qu’elles entrainent. D’abord, quelles sont-elles ces conséquences ?
Il faut assurer les besoins en eau et nourriture d’une population de plus en plus nombreuse, alors que la surface des terres arables diminue puisqu’il faut bétonner afin de loger ces gens. Les lieux propices à l’agriculture sont en général les mêmes que ceux où les gens veulent vivre ; rares sont ceux qui veulent habiter dans un désert… !
Puis il faut assurer les besoins en énergie sachant qu’outre le nombre de plus en plus grand de personnes sur terre, chacune d’elle consomme de plus en plus d’énergie ! Et, bien sûr, il faut assurer les besoins énergétiques tout en protégeant l’écosystème de notre planète… !
Et puis il faut gérer les relations de plus en plus tendues entre les individus car l’augmentation de la densité de la population sur certains territoires et l’urbanisation massive entrainent des frictions et tensions auxquelles on assiste tous les jours. Nous connaissons tous l’adage « notre liberté s’arrête là où commence celle de notre voisin ». Donc ayant de plus en plus de voisins, nous avons forcément de moins en moins de liberté !
De même, il faut protéger la santé de cette population car la densité croissante favorise inévitablement la propagation des maladies, des virus…
Il faut aussi faire face à des flux migratoires, souvent en provenance de régions à très forte croissance démographique vers les pays développés où la démographie croît moins fortement. Ces flux prennent des ampleurs énormes et l’assimilation des migrants dans les territoires d’accueil devient extrêmement difficile.
Enfin, pour faire face à cette croissance démographique et administrer des populations de plus en plus nombreuses, les gouvernements sont forcés de mettre en place des mesures administratives de plus en plus lourdes et complexes ; ces contraintes augmentent la rancœur des populations à l’égard de leurs dirigeants politiques et des multiples réglementations auxquels ils sont contraints.
Tout ceci montre qu’il est urgent de ralentir cette croissance démographique en appliquant certaines mesures parmi lesquelles : changer nos habitudes alimentaires, baisser notre consommation énergétique, contrôler les naissances dans les pays à forte croissance démographique, sédentariser les populations migrantes dans leurs pays d’origine en investissant une partie de notre PIB dans le développement de ces pays …
En France, malheureusement nous avons un peu fermé les yeux sur ces conséquences d’une telle croissance démographique car elle nous arrangeait bien : en effet, étant donné l’allongement de vie, notre système de retraite par répartition a besoin d’un nombre croissant d’actifs pour perdurer. Donc nous avons besoin de plus de monde, et devons donc avoir plus de jobs à proposer. A propos, n’est-ce pas la définition d’un système de Ponzi… ?
On a vu lors du projet de réforme de notre système de retraite (malheureusement à nouveau reporté !), que les français sont majoritairement favorables au système par répartition. Le seraient-ils toujours si on leur expliquait clairement les conséquences négatives que cette croissance démographique occasionne sur les plans environnemental, sécuritaire, sociétal, économique, géopolitique, humanitaire…
N’est-il pas temps de mettre les pieds dans le plat et leur dire, à l’occasion d’un débat sur une énième tentative de réforme des retraites, qu’il est temps de réfléchir à d’autres options pour notre système de retraite, qui combinerait, par exemple, répartition et capitalisation comme cela se fait dans de nombreux autres pays ?
Le poids des retraites dans le budget de notre pays est massif : on ne peut pas se permettre aujourd’hui, alors que la dette publique a augmenté à cause du Covid, d’éviter le débat et la prise en considération de toutes les options.
La réforme doit guérir et non faire périr ; maintenir le système de retraite par répartition dans un tel contexte revient à léguer à nos enfants un pays gravement fragilisé.
Je pense que les gouvernements français successifs sont conscients de la nécessité d’une réforme, mais ils sont confrontés à une population qui, ne comprenant pas les risques du système actuel des retraites, ne regarde que ses petits intérêts et fait fi du futur de notre pays.
Matthieu Lacaze