L’Europe du Sud, toujours…
Coup de théâtre à Rome, tremblement de terre en Espagne, avec dans les deux cas la probable mise en place d’une politique de relance, favorable à court terme à la croissance en Europe et aux marchés financiers.
Coup de théâtre à Rome : l’hétéroclite coalition 5 étoiles/Ligue parvient à former un gouvernement agréé par le Président de la République italienne.
Conséquence probable :
- Le contrôle des frontières et des sans-papiers sera plus sévère quoiqu’en pense l’Europe.
- Pour ce qui est de l’économie, le Président a dû obtenir des garanties quant au respect des critères de déficit bruxellois :
Le déficit public italien est à 1,7% du PNB. Il sera probablement porté dans un premier temps à un niveau proche de 3%, mais pas au-delà : le nouveau gouvernement devrait essayer de relancer l’économie avec la mise en œuvre de mesures telles qu’un revenu minimum pour les plus pauvres, contrebalancées par des mesures favorables à l’offre (baisse des impôts et des réglementations).
En revanche il devrait retarder la réforme des retraites qui n’aurait pas d’impact sur la demande mais un fort impact sur le déficit.
En somme, un programme qui ressemble à celui qui a été mis en œuvre au Portugal et qui lui a bien réussi jusqu’ici : après une forte reprise alimentée par une politique de la demande, le déficit portugais est attendu à -0,9% par le BCE cette année et à -0,6% l’année prochaine, et le taux de croissance du PNB dépasse 2%.
Tremblement de terre en Espagne : la gauche prend le pouvoir à la suite d’une mise en minorité du gouvernement de droite.
Là, comme en Italie, on devrait voir la mise en place d’une politique de relance. Mais les marges de manœuvre sont moins importantes qu’en Italie avec un déficit des comptes publics attendu par la BCE à -2,6% en 2018.
L’Espagne a un excédent des comptes extérieurs à 1,9% du PNB et l’Italie à 2,5% : cela autorise des politiques de relance qui réduiront, comme au Portugal, le déficit des comptes publics.
Par ailleurs ces politiques ont d’autant plus de chance de réussir qu’elles arrivent après une longue période de politique favorable à l’offre qui a préparé l’appareil de production à répondre à un stimulus de demande.
Le plus probable est que la BCE soit accommodante dans un premier temps : elle défendra l’€ et ne s’opposera pas à ces politiques demandées par des peuples qui ont beaucoup souffert de la crise et des politiques d’austérité.
L’Allemagne, attaquée par les USA, dépend plus que jamais de l’Europe : elle ne pourra donc pas non plus s’opposer à ces politiques.
L’Espagne et l’Italie sont des partenaires commerciaux vitaux pour la France, mais également des compétiteurs : la demande pour notre pays en provenance du sud de l’Europe va donc croître alors même que la concurrence de leurs entreprises devrait être un peu moins sévère : Lucky Macron.
Le risque à long terme est une dégradation de la compétitivité européenne, mais à court terme tout cela est très bon pour la croissance en Europe et donc pour les marchés financiers.
L’investisseur Top down privilégiera les cycliques européennes.