Macron le réformateur (1/2)
L’appartenance de la France à la zone € fait débat. Aux dernières élections, les français ont tranché pour les 5 prochaines années : nous en sommes !
L’appartenance de la France à la zone € fait débat.
Aux dernières élections, les français ont tranché pour les 5 prochaines années : nous en sommes !
Comme nous l'expliquerons plus avant un prochain édito sur l’€, l’appartenance de la France à la zone € impose une réduction de nos coûts de production.
Pour y parvenir, le président Macron part des constats suivants :
- Une part de l’économie française est exposée à la concurrence internationale : le secteur automobile, l’aéronautique, la chimie, la conception de logiciels, la machine-outil etc.
- Une autre ne l’est pas : le secteur de la santé, la distribution, le bâtiment, la fonction publique etc.
- Les français sont conservateurs et réformer le pays a généralement été impossible, de Maupeou à Juppé. Il a fallu des circonstances exceptionnelles, guerres, révolutions, pour y parvenir.
Le plus sage est dès lors de renoncer à une réforme ambitieuse, c’est-à-dire générale, et se concentrer sur la seule part exposée de l’économie française.
Et ce d’autant plus que :
- Le problème de compétitivité par les coûts se pose essentiellement pour cette part exposée.
- Les syndicats sont puissants dans la part non exposée de l’économie française, et faibles dans la part exposée.
La loi à venir sur le travail se concentrera donc sur la possibilité pour les entreprises exposées de négocier avec leur personnel une réduction de leurs coûts de production par plus de souplesse dans l’organisation du travail (horaires et licenciements) et souvent un allongement de sa durée.
Le reste sera négocié sous les quolibets de la droite. Les fonctions publiques et hospitalières, dans leur amplitude et leur statut seront donc préservées.
Toutefois, dans une économie de la connaissance, la variable coût n’est que l’une des composantes de la compétitivité, et le niveau de formation de la population active est vital. Or, le taux de chômage des actifs Bac +2 n’est que de 5,7% selon l’INSEE : si le secteur exposé repart, la France va rapidement manquer de salariés bien formés.
Le deuxième axe de la stratégie Macron sera par conséquent de renforcer très significativement la formation...
...tant par les montants alloués (15 milliards) que par la qualité de la mise en œuvre. Les universités seront également certainement sollicitées pour gagner en efficacité et le système scolaire pour mieux préparer les élèves à leur entrée dans le cycle suivant.
Enfin, la compétitivité est affaire de capital. Ce capital manque aujourd’hui aux petites et moyennes entreprises pour croître.
La fiscalité du capital sera donc fortement allégée.
Suppression de l’ISF sur les placements financiers, prélèvement libératoire plafonné à 30% sur ses revenus: ces réductions profiteront essentiellement aux placements en actions et il ne serait pas étonnant que cet avantage soit restreint aux actions de la communauté européenne.
Les placements en obligations des français réalisés par le biais des fonds dits en € des contrats d’assurance-vie verront, eux, leur fiscalité s’alourdir.
Cet ensemble de réformes est cohérent. Il sera d’autant plus efficace que les vents de l’économie européenne sont porteurs.
Son acceptabilité sera achetée auprès des français par une hausse de leurs revenus par le biais de la réduction des charges salariales et de la taxe d’habitation.
Ces mesures seront financées par des économies raisonnables, donc non récessives, sur le budget de l’état, ainsi que par la hausse de la CSG qui impactera surtout les retraités les mieux lotis et chez qui la propension à consommer est la moins forte, une mesure également non récessive.
Reste un sujet majeur qui n'aura pas échappé aux les lecteurs les plus avertis : le problème essentiel de la France, c’est le poids de ses dépenses publiques qui représentent d’après l’INSEE plus de 57% du PIB.
Or, Macron ne s’y attaque que très mollement avec son plan de réduction de dépenses de 60 Mds€ seulement sur 5 ans, et la réduction de seulement 120 000 postes de la fonction publique, alors que cette dernière représente un emploi sur 5.
Le vrai boulet de la France c’est cela et la vraie rénovation de la compétitivité française passe par sa réduction.
Sur ce sujet, je voudrais avancer deux éléments de réflexion :
Les dépenses publiques représentent 57% du PIB. Il y a deux manières de réduire ce poids excessif.
La première est de réduire ce chiffre de 57% et de le faire passer par exemple à 50% en réduisant massivement le nombre de fonctionnaires et les dépenses collectives, c’est-à-dire surtout sociales, car c’est elles qui sont les plus lourdes.
7 points de PIB en moins cela signifie plusieurs point de croissance en moins : la réduction de postes et de dépenses sociales a des effets récessifs immédiats.
Bien sûr, dès la troisième ou quatrième année, la croissance pourra repartir plus forte, plus saine, plus durable.
Mais cela reste compliqué socialement et économiquement surtout si cette purge n’est pas accompagnée d’une dévaluation ou d’un fort plan de relance. Et que se passera-t-il si le cycle d’expansion qui a maintenant 7 ans aux Etats-Unis, ce qui est beaucoup, se retourne d'ici un ou deux ans ?
La deuxième manière d’agir est de maximiser la croissance par une politique de l’offre combinée à un renforcement de la demande.
L’objectif alors est moins de réduire le 57 que de faire croître le 100: même si le 57 devient 60, si le le 100 devient 116 (1,5% de croissance et 1,5% d’inflation pendant 5 ans), les dépenses publiques représenteraient alors un peu moins de 52% du PIB.
C’est clairement ce choix qu’a fait Macron, et il est le plus judicieux dans le cadre de l’€.
Par ailleurs, il n’est pas écrit que notre jeune président n’ait pas l’intention de réformer complètement la France.
Mais pour éviter les effets récessifs d’une politique trop brutale et contourner le refus d’obstacle du peuple français, il a peut-être choisi d’étaler la réforme sur deux quinquennats. La réforme des dépenses collectives pourrait être mise en œuvre dans cinq ans, une fois l’appareil productif rénové et le chômage réduit.
Quand je me rends à Rennes, à partir de Paris, je passe par Le Mans.
Macron nous a proposé de nous rendre au Mans. Cela ne signifie pas qu’il ne souhaite pas se rendre à Rennes.
La réforme de Macron devrait réduire le chômage à 6 ou 7% de la population active, baisser les dépenses autour de 52% du PIB et restaurer les équilibres extérieurs.
Ce n’est pas une restauration complète de la France, mais c’est un premier pas. Il y en aura d’autres … Nous sommes « en marche ».
Lire la deuxième partie de cet édito ici .