Le rachat d’actions est une pratique de plus en plus courante chez les grandes entreprises cotées en Bourse. Mais quelles sont les raisons qui poussent ces sociétés à investir dans leurs propres titres ? Cet article fait le point sur le sujet pour mieux comprendre ce phénomène, ses enjeux et ses conséquences.
Qu’est-ce que le rachat d’actions ?
Un rachat d’actions consiste pour une entreprise à acquérir sur le marché, via un broker ou lors d’accords de gré à gré, une partie de ses propres titres qui sont ensuite, le plus souvent, annulés. Cela diminue alors le nombre d’actions en circulation et, par conséquent, augmente mécaniquement la valeur des actions restantes, toutes choses égales par ailleurs.
Les principales motivations des entreprises
Plusieurs raisons stratégiques motivent ces opérations de rachat :
- Soutenir le cours de Bourse : En réduisant le nombre d’actions sur le marché, le bénéfice par action (BPA) augmente automatiquement, ce qui peut soutenir ou faire grimper le cours de l’action.
- Récompenser les actionnaires : Les rachats d’actions sont souvent perçus comme un complément aux dividendes, permettant de redistribuer de la trésorerie excédentaire sans alourdir la fiscalité qui pèse parfois sur les dividendes.
- Optimiser la fiscalité : Dans certains pays, la fiscalité sur les plus-values générées par un rachat d’actions peut être plus favorable que celle sur les dividendes.
- Signaler une sous-évaluation : Racheter ses propres actions peut être interprété comme un signal envoyé au marché que l’entreprise estime son titre sous-évalué.
- Gestion des stocks-options : Les rachats peuvent aussi servir à répondre à des besoins de stocks-options ou d’attributions gratuites d’actions aux salariés.
Quelle réglementation ?
En France, les rachats d’actions sont strictement encadrés. L’opération doit être autorisée par l’assemblée générale des actionnaires et le montant du rachat ne peut dépasser 10% du capital social sur une période de 24 mois. Un rapport d’expert indépendant et des commissaires aux comptes accompagne systématiquement l’opération pour garantir la transparence.
Les avantages et les critiques
- Avantages :
- Augmentation de la valeur par action (BPA, rendement, etc.).
- Flexibilité de la politique de retour aux actionnaires.
- Signal positif sur la confiance de la direction dans la société.
- Critiques :
- Baisse des ressources destinées aux investissements et à l’innovation.
- Effet parfois temporaire sur le cours de Bourse.
- Soupçons d’alignement d’intérêts au profit exclusif des actionnaires, au détriment de la stratégie à long terme ou des salariés.
Deux exemples marquants
Un exemple marquant et largement connu de rachat d’actions est celui d’Apple. Le géant américain a lancé ces dernières années le programme de rachat d’actions le plus important de l’histoire, engageant plusieurs centaines de milliards de dollars pour racheter ses propres titres. Ces rachats permettent à Apple de soutenir la valeur de son action, d’augmenter le bénéfice par action et de signaler sa confiance dans sa solidité financière.
Côté français, un exemple récent est celui de TotalEnergies. En 2022, l’entreprise a racheté pour 6,4 milliards d’euros de ses propres actions et a prévoyé de poursuivre cette stratégie, notamment pour redistribuer une part importante de ses profits à ses actionnaires en complément des dividendes.
Chiffres clés
- En 2022, les plus grandes entreprises européennes ont racheté pour un montant record de 161 milliards d’euros d’actions.
- Pour les sociétés du CAC 40, les rachats d’actions ont représenté jusqu’à 30% du montant des dividendes versés aux actionnaires ces dernières années.
Le rachat d’actions n’est donc ni totalement vertueux ni entièrement critiquable. Il s’agit d’un outil de gestion financière à manier avec précaution, influencé par la conjoncture, la fiscalité et la stratégie à long terme de chaque entreprise. Avant d’y voir un signal d’investissement, il convient d’analyser les objectifs de l’opération et la santé financière de la société concernée.