Le Grand Large….
Ce n’est pas le nom d’un hôtel ; c’est Churchill excédé à de Gaulle : « Chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous serons pour le grand large ».
C’est bien ce qu’ils ont fait en 2020, en décembre.
Ils ont pris la mer … ou plutôt la mer les a repris.
Il fallait bien rouvrir les vastes horizons du Commonwealth aux cadets, déshérités !
Et puis la main était trop belle pour passer :
- un état de droit d’anthologie quand la Chine effraie et les Etats-Unis s’égarent dans l’espionnage numérique
- une capitale exclusive : tout y est hors de prix
- une armée forte, nucléaire
- un soft power impressionnant : les Windsor, Lady Di, les Beatles, « 4 mariages et un enterrement », les Rolling Stones, James Bond, Harry Potter, Mr Bean…
Le moment était idéal : il n’y a jamais eu autant de riches, partout dans le monde.
D’habitude les riches ont peur des pauvres, mais la police est là pour les protéger.
Aujourd’hui avec Ping, Poutine, Erdogan et autres Trump, leur police est leur menace !
Alors l’île, comme une vieille marque de luxe un peu endormie à dépoussiérer, à mondialiser avec toujours la même bonne vieille recette : on monte en même temps le marketing et les prix… et la livre va crever le plafond !
Alors, grand chelem ?
Pas sûr, car il y a tout de même 2 écueils :
1°) Le Royaume Uni et ses 66,6 millions d’insulaires n’est pas Singapour et ses 5,6 millions d’habitants.
Le Royaume Uni c’est un peuple, pas une ville.
Et quand la monnaie est forte, le peuple souffre, et quand il souffre trop, cela donne par exemple ce que l’on a connu avec les gilets jaunes.
2°) Le Brexit constitue également une bonne occasion pour l’Ecosse de refaire enfin sécession… pour l’Europe !
Serait-ce si grave ?
Peut-être, car il n’est pas sûr qu’il puisse y avoir de grand pays sans grands espaces intérieurs, Amazonie, Sibérie, Patagonie, vastes espaces désertiques américains, qui tiennent aux nations la fonction de l’inconscient pour l’homme avec leurs démons fossilisés, qu’ils soient bête du Gévaudan ou Nessie du loch Ness.
C’est bien le drame de l’Allemagne de ne pas avoir cet hinterland mystérieux : si la forêt noire avait été plus profonde, le sort du monde en aurait été changé !
Alors, que serait le Royaume des angles sans les brumes écossaises … Singapour justement, c’est-à-dire rien !
Contrairement aux prédictions des commentateurs, pour le Royaume Uni le prix de la liberté ne sera pas la peau sur les os, comme le loup dans la fable du chien et du loup !
Le prix pourrait être beaucoup plus fort … celui de Faust.
No free lunch , certes, on n’a rien sans rien… mais quel est le prix de l’âme ?
The Rolling Stones - Sympathy For The Devil