L’EBITDAC, nouvel indicateur surréaliste ?
Et si nous vivions dans un monde dans lequel une entreprise se permet de mentir sur ses résultats en créant un nouvel indicateur lui permettant de justifier ses actes ? Non, ce n’est pas une utopie, ou dystopie, question d’interprétation finalement. Mais bien le monde réel. Explication et analyse de ce nouvel indicateur qui, à peine apparu, fait plus que débat au sein du monde de l’entreprise : l’EBITDAC.
Quand la moitié de la population mondiale se retrouve confinée, l’économie mondiale, comme nationale, tombe des nues. Et quand l’addition arrive, ça fait encore plus mal. C’est alors que certaines entreprises, à révélé le Financial Times, ont eu l’idée de créer l’EBITDAC (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, Amortization and Coronavirus).
Comment et pourquoi ?
Vous l’avez donc compris l’EBITDAC nous vient tout droit de l’EBITDA – earning before interests, taxes, depreciation and amortization - indicateur qui permet de visualiser les bénéfices de l’exploitation d’une entreprise, c’est-à-dire avant que ne soit soustraits les intérêts de la dette, les impôts, les amortissements et les provisions pour dépréciation ; l’EBITDA permet donc à tous les financiers d’évaluer le bénéfice directement issu par l’activité avant qu’ils ne viennent rémunérer le passif du bilan.
Puis le coronavirus est arrivé. L’histoire est alors en marche. Les sociétés font face à leurs manques d’activités liées au confinement. Débordant d’imaginations durant cette période creuse, certaines entreprises imaginent l’EBITDAC : l’indicateur donnant les résultats de l’entreprise sans prendre en compte la crise du COVID 19.
A double tranchant
« Le fabricant allemand Schenck Process est devenu la semaine dernière la première entreprise européenne à inclure l’expression EBITDAC dans ses rapports financiers » Selon le Financial Times. Son EBITDAC ajusté du premier trimestre 2020 a donc été d’environ 20% supérieur à celui du 1er trimestre 2019. Et non 16% inférieur, comme ça aurait dû être le cas. Dingue.
À court terme, ce nouvel indicateur peut paraitre intéressant. Pour rester attrayantes auprès des investisseurs, les entreprises sauvent les meubles comme elles le peuvent. Vous l’aurez compris avec l’exemple de Schenck Process, avec l’EBITDAC, elles sauvent bien plus que seulement des meubles. Mais les investisseurs et les analystes financiers sont-ils suffisamment naïfs pour y croire ?
« Nous considérons ces mesures comme peu fiables et susceptibles d’être manipulées. Il est difficile de déterminer avec précision l’impact relatif à la crise sanitaire » explique par ailleurs Fitch Rating - une des plus grandes agences de notation financière américaine - dans une note publiée le 18 juin. On comprendra donc que Fitch Rating, comme la majorité des agences, ne prendra pas en compte l’EBITDAC des entreprises analysées cette année. Et hiboo non plus, d’ailleurs.